La calculatrice mécanique

15. Sep.. 2022

Modèle du compensateur mécanique. Vue latérale des aiguilles et des plaques intermédiaires

Les cartons contenant ce que l’on croit être du bric-à-brac recèlent parfois de véritables trésors. L’excitation était donc à son comble lorsque cet appareil d’apparence compliquée a été retrouvé dans les archives, dans une vieille boîte en carton.

Le dossier qui l’accompagnait a permis de faire un peu la lumière, grâce à des calculs, des esquisses et la correspondance de l’ingénieur Werner Lang avec diverses universités et fabricants d’instruments en Suisse et à l’étranger (photo 2). Lang travaillait dans les années 1940 à la section Géodésie du Service topographique national et s’occupait des calculs de compensation des réseaux de triangulation, tâche consistant à améliorer les données de mesure relevées sur le terrain, qui contiennent inévitablement des imprécisions, au moyen de la méthode mathématique des « moindres carrés ».

Ces calculs sont complexes et donc chronophages, surtout si l’on considère qu’à l’époque, les calculatrices électroniques n’existaient pas encore. Il fallait se débrouiller avec des règles à calcul mécaniques (photo 3), des tables de logarithmes, du papier et un crayon. Lang a donc eu l’idée d’utiliser un appareil mécanique pour simplifier ce travail.

L’appareil que nous avons retrouvé, et dont le fabricant est inconnu, se compose d’une plaque de base, d’aiguilles, de ressorts, de vis et de pinces ainsi que de plusieurs niveaux intermédiaires (photos 4 et 5). L’ensemble étant extrêmement instable, il fallait vraisemblablement le régler et le rectifier avant chaque calcul. Le résultat était probablement indiqué par la nouvelle position de certaines aiguilles et reporté par une légère pression sur une autre plaque superposée. Outre le petit modèle de table, un prototype plus grand a apparemment aussi été réalisé, mais il ne nous en reste que des photos (photo 6).

Malgré une étude intensive des aspects théoriques et pratiques, le projet a finalement échoué et Lang a abandonné les travaux en 1944 « pour des raisons d’insuffisance humaine ». Environ vingt ans plus tard, le Service topographique national a reçu les premiers ordinateurs électroniques et la numérisation de la production de géodonnées a commencé, précisément avec les calculs de compensation !

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