L’éclairage de la carte : une controverse
Histoire de la carte Dufour
Au XIXᵉ siècle, une dispute a éclaté au sujet de la localisation du soleil sur les cartes topographiques : fallait-il qu’il soit au zénith, c’est-à-dire que la feuille de carte soit dépourvue d’ombres marquées ? Ou fallait-il utiliser les ombres et les lumières pour rendre la carte plus facile à interpréter ? Si oui, d’où le soleil devait-il briller ?
Dans la carte Dufour, la décision a été prise en faveur d’une source de lumière qui brille depuis un angle nord-ouest. Le Bureau topographique fédéral s’est ainsi inspiré, entre autres, de la Carte topographique de l’île de Corse de 1824. C’est également grâce à l’éclairage nord-ouest que les montagnes suisses apparaissent de manière si vivante sur la carte Dufour.
Les opposants à ce mode de représentation ont fait valoir que le soleil en Suisse brille en fait depuis le sud. Le géologue Albert Heim a soutenu que l’éclairage nord-ouest était « en contraste complet avec la nature. Partout, il reflète le contraire de la vérité. » Mais si les partisans d’un éclairage depuis le sud avaient eu gain de cause, la confusion aurait été totale : les gens auraient interprété les vallées comme des montagnes et les montagnes comme des vallées lorsque l’ombre sur les cartes tombe au nord.